Le tandem des méchants by Philip Garlington

Le tandem des méchants by Philip Garlington

Auteur:Philip Garlington [Garlington, Philip]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: Gallimard - Série Noire
Publié: 2017-04-25T23:00:00+00:00


CHAPITRE XIV

Avec difficulté, McCann inséra ses formes gargantuesques dans une cabine téléphonique du Palais de Justice et appela Henry. Lorsqu’il l’eut au bout du fil, il lui énuméra les objets que, selon lui, il leur serait utile d’avoir en stock.

— Note bien tout ça, Henry. Deux carabines AR.15 avec cent cartouches, huit grenades au phosphore, une trousse de pansements, une lampe de campagne, un poste radio portatif à ondes courtes. Oh, et puis quelques baïonnettes. C’est noté ? Moi, je vais être pris toute la matinée avec l’affaire Levin au tribunal.

McCann poussa un soupir. Une journée chargée l’attendait. Il s’éjecta de la cabine, puis, au comptoir des journaux, il acheta une feuille du jour et un cigare avant de se rendre aux chiottes. De sévères mesures de sécurité prises au Palais de Justice en avaient fait l’une des plus sûres.

Voyant l’un des petits réduits libres, il y entra et, après s’être administré une généreuse ration de whisky et avoir allumé un cigare, il s’installa sur le siège pour lire tranquillement le journal.

À la une, un article racontait l’attentat à la bombe à la gare des cars Greyhound. Une photo montrait l’un des blessés, emmailloté de bandages, dans l’ambulance qui allait le transporter à l’hôpital. Sur un second cliché, on voyait l’intérieur des toilettes après l’explosion : un amas de carreaux de céramique en miettes, de verre brisé, et de bouts de métal tordus. Brannon s’était surpassé en écrivant son article. Il citait, pour terminer, une réflexion de O’Riley : « Aucune cause politique ou sociale ne justifie le sacrifice de vies innocentes. »

McCann avala une nouvelle gorgée de bourbon et tourna les pages pour arriver aux bandes dessinées. Lorsqu’il eut fini de lire les aventures de Dick Tracy, de Steve Roper et de Gord, il consulta son bracelet-montre et, sans trop d’enthousiasme, se prépara à gagner la salle du tribunal. En sortant des W.-C. il enveloppa sa bouteille vide dans le journal et laissa choir le tout dans une poubelle. Se fourrant ensuite quelques cachous dans la bouche, il marcha résolument vers la salle d’audience.

En arrivant à la barrière qui séparait la Cour du public, il chercha de l’œil le District Attorney sans le repérer. À sa place, il aperçut deux jeunes avocats très moustachus qui tripotaient des papiers sortis de serviettes en plastique ouvertes devant eux. Depuis leur mine renfrognée jusqu’à leurs chaussures deux-tons, tout en eux proclamait : « Programme Fédéral d’Aide à la Pauvreté ».

La porte de la cellule où se trouvait le prisonnier s’ouvrit et un petit homme en jaillit pour se précipiter vers McCann. Il avait un visage lunaire au petit nez rond, et une bedaine toute ronde gonflait le haut de son pantalon. En dépit de cette apparence pacifique, il se dégageait de sa personne une vigoureuse agressivité.

Il tendit une petite main poilue au policier du même geste qu’il aurait annoncé : « Et voici la pièce à conviction N° 1 », mais se contenta de dire d’une voix pointue :

— Je suis Lyle Badger, l’Assistant du District Attorney.



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